jeudi 2 décembre 2010

Enjeux de la guerre des navigateurs Internet



Le navigateur, c'est un peu la fenêtre qui vous permet de voir le Web. Pour faire un parallèle avec la télévision, le navigateur est votre récepteur tv. Et les chaînes ont beau émettre en HD, si vous avez une télévision bon marché (voire un vieux truc en noir et blanc), vous n'allez pas pouvoir apprécier toutes les subtilités et nouveautés des programmes. C'est un peu comme ça pour le Web : il faut un navigateur moderne pour pouvoir utiliser et apprécier le Web tel qu'il est.

Le "marché" des navigateurs n'est pas un marché comme les autres où le produit avec le meilleur rapport qualité/prix l'emporte ; sinon, il n'y aurait plus d'Internet Explorer 6 depuis belle lurette et les navigateur modernes comme Chrome, Safari et Firefox auraient 99% de parts de marché...

Ça date de l'époque où Microsoft a décidé de faire d'Internet Explorer un logiciel gratuit intégré dans Windows, ce qui leur a valu les problèmes juridiques pour violation de la loi américaine et l'abus de position dominante en Europe. Mais que faire quand l'acteur principal (et le plus riche) a décidé que le logiciel est gratuit ? (En fait, Internet Explorer n'est pas gratuit, il n'a que l'apparence de la gratuité : c'est juste que l'utilisateur l'a payé sans le savoir en achetant son ordinateur livré avec Windows). Quoi qu'il en soit, les concurrents sont obligés de s'aligner sur cette apparente gratuité.

Safari est financé par Apple comme Internet Explorer par Microsoft.

Reste Opera, Google Chrome et Firefox. Google Chrome est gratuit car c'est un investissement de Google pour moins dépendre de son rival Microsoft. Souvenons nous que les utilisateurs de Google passent en majorité par Internet Explorer, ce qui est évidemment peu rassurant pour Google.

Firefox est un cas particulier, car c'est le seul navigateur qui ne soit pas produit par une société cotée en bourse, mais par une association à but non-lucratif, Mozilla Foundation. Même si le profit n'est pas l'objectif de Mozilla, il faut de l'argent pour faire tourner l'organisation (payer les serveurs, la bande passante, les employés). Cet argent provient de partenariats avec des moteurs de recherche, dont Google, à qui Firefox envoie du trafic via sa page d'accueil et sa barre de recherche. Les moteurs monétisent cet affluence de visiteurs et reversent une partie des revenus générés au navigateur.

Le navigateur Opera, lui aussi gratuit, mais au code fermé produit par une société privée, a un modèle financier comparable, mais à but lucratif.

Le navigateur est effectivement essentiel pour accéder au Web. Même si on ne s'en rend pas compte, les logiciels qu'on utilise influencent notre comportement. Prenons l'exemple de l'iPod, baladeur MP3 qui a beaucoup de succès. L'iPod vous oblige à utiliser iTunes, à moins d'avoir une envie furieuse de bidouiller. Dans iTunes, il n'y a qu'un seul magasin en ligne permettant d'acheter de la musique légalement, l'iTunes Music Store. En achetant un iPod, on se retrouve "naturellement" à acheter sa musique chez Apple, sans jamais avoir pris de décision consciente, grâce à l'influence du logiciel.

C'est d'ailleurs ce qui fait d'Apple le premier vendeur au monde de musique en ligne, et ça n'a rien à voir avec le fait que la musique qu'on y trouve est meilleure qu'ailleurs ! Elle y est même souvent plus chère que chez d'autres détaillants comme Amazon, pour un produit identique... Rares sont les utilisateurs qui ont réalisé cette influence du logiciel sur nos comportement. Mais revenons au navigateur : ce dernier conditionne l'accès au Web, qui prend une importance croissante dans nos vies (essayons de vivre une semaine sans Internet !).

Et finalement, la mission de Mozilla, c'est de s'assurer que chacun peut utiliser le Web de la façon qui lui convient, plutôt que la façon qui lui est imposée par une grande société.

ROIATTI T.

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